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cercle 4
31 mars 2009

Chapitre 1

chap1b



Chapitre Un

Parés pour l’aventure !


-Jacques !
-C’est à Jacques !
-C’est pour Jacques ! Jacques ! Jacques !
Les voix portaient loin sur la falaise. Les vagues, la mer, Jacques, devaient entendre.
-Jaaaaaacques !
Thérèse criait le plus fort. Elle ouvrait la bouche en O, et, avec ses mains, faisait porte-voix. C’est que plus que tout autre, elle craignait que Jacques soit mort. Ou pire. Que Jacques ne l’aime plus. Peut être a-t-il dérobé une de ces barques qui s’agitent dans le petit port, et sans se retourner, est-il parti vers l’horizon, sans un regret, sans un remord.  Thérèse s’en voulait. D’ailleurs elle se rongeait les ongles, signe chez elle d’une intense émotion.   
-Salut les filles !
Jacques venait d’apparaitre, au bout du chemin, fidèle à lui-même, les cheveux blonds au vent, un sourire éclatant, superbe de virilité malgré ses dix ans.
-Jacques ! s’exclama Dominique, d’un air de reproche.
-Et bien, Jacques, où étais tu passé, demanda Thierry. Et je te signale au passage que je ne suis pas une fille.
Seule Thérèse ne disait rien. Elle boudait, et sa moue la rendait plus jolie encore. Car Thérèse était jolie. De longs cheveux blonds, un visage fin et halé par de longues vacances dans la maison de l’oncle Kervadec. Bien plus jolie que ce garçon manqué de Dominique. Car Dominique était une fille. Des cheveux coupés au carré, bruns comme des ailes de corbeau, un visage rond et halé également, mais par de longues échappées dans le petit bois derrière le petit pavillon de ses parents.
-Tu nous as fait une sacrée trouille, continua Dominique. Surtout avec toutes les histoires qui se passent dans la région.
Jacques n’avait encore rien dit. Ses yeux brillaient et ses lèvres renfermaient encore un mystérieux secret. Il s’approcha nonchalamment de Thérèse et lui demanda :
-Et bien, Thérèse, tu t’es fait du souci pour moi ?
Thérèse détourna la tête. Ça non, jamais elle ne montrerait son inquiétude.
-Absolument pas, je regardais la mer. J’ai le droit de regarder la mer, tout de même !
-Et bien, en ce cas, tant pis, mon histoire ne va certainement pas t’intéresser.
-Certainement pas ! répondit Thérèse, qui maudissait cet instant et ne souhaitait rien tant qu’entendre ce récit prometteur d’une nouvelle aventure.
-Et bien tant pis, cela intéressera sans doute Thierry et Dominique.
Ceux-ci entouraient déjà le héros du jour, passant qui un bras autour de la taille, l’autre une main sur l’épaule. Ils parlaient à voix basse, prenant les mines de conspirateurs qui avaient le don d’agacer Thérèse.
-Bien, je me rends, soupira celle-ci. Je me suis fait du souci, Jacques, tu es content, à présent ?
-Très ! Triompha celui-ci. Comme cela, notre groupe est au complet. Mon récit ne supporterait aucune absence tant l’affaire est d’importance.
Le groupe formait maintenant un cercle parfait dont Thérèse, Jacques, Dominique et Thierry étaient  autant de maillons d’une chaine indestructible et complice : le cercle 4.
-Et bien, les amis, figurez vous que ce matin, alors que nous dormions tous sous la tente, au fond du jardin de l’oncle Kervadec, j’ai entendu un bruit étrange.
-Un bruit étrange, répéta Thierry, qui aimait bien répéter ce que disait Jacques.
-Oui, un bruit étrange dit Jacques qui aimait bien que Thierry lui fasse répéter plusieurs fois les phases les plus mystérieuses de son récit. Comme une plainte. Ou les pleurs d’un enfant.
-Mais il n’y a pas d’enfant chez tonton Kervadec, souligna Dominique.
-C’est pour cela que je me suis levé, pour voir de quoi il retournait.
-Je ne t’ai pas entendu, dit Thérèse, un peu piquée par le récit.
-C’est que je ne voulais pas que tu t’inquiète, répliqua Jacques. Écoutes la suite, c’est là où l’histoire prend tout son sel.  J’ouvre donc la fermeture éclair de notre canadienne 4 places. En me guidant à la lueur de la lune, je tente de comprendre d’où vient la plainte. Un petit cri m’oriente vers le roncier qui jouxte la cabane du père Larmor.
-Le père Larmor, ah ça, je ne l’aime guère, ce vieux bonhomme !
-Je colle mon oreille contre la planche pourrie qui fait office de mur porteur et j’entends une voix crier :
-Ah ça ! si tu ne te tais pas, tu vas recevoir une telle correction que ton maitre ne va plus te reconnaitre !
Puis j’entends un cri sourd, et soudain je comprends : la plainte que j’ai entendue est celle d’un chien ! Vous le savez, les amis, je ne supporte pas que l’on fasse du mal aux animaux. Je cherche à tâtons une arme d’occasion mais ne trouve qu’un vieux bâton moussu. J’allais bondir sur le misérable quand j’entends distinctement une voiture rouler sur le gravier et s’approcher de la cabane. Une portière claque. Un homme en descend. Je tente à travers un interstice de voir le gaillard : Ses chaussures, voilà tout ce que j’aperçois, mais quelles chaussures ! Vous savez, ces mocassins italiens noirs et blancs comme en portent les brigands napolitains.
-Oui, dit Thérèse, même que maman t
rouve que cela donne mauvais genre à qui les porte.
-Tu ne crois pas si bien dire, Thérèse… car ce que j’ai entendu dépasse l’entendement. Figurez vous que…
Mais Jacques ne peut continuer son récit. L’oncle Kervadec est sur le pas de sa chaumière qui hurle :
-A table les enfants ! Vous allez gouter ma pêche !
-Chic, dit Thierry, ton récit m’a creusé l’appétit.
-Et moi donc, dit Jacques. Et pour rien au monde, je ne louperais la soupe de poisson de ton oncle, Thérèse. Je vous conterais la suite ce soir, à la veillée.
-Chic, car je ne pourrais pas dormir tant que je ne saurais pas ce qu’il est advenu à ce malheureux chien, dit Dominique.
-Tant mieux, dit Jacques, car la nuit promet d’être longue. Puis, il ajouta d’un air mystérieux. Et pensez à prendre vos chaussures de marche. On ne sait jamais.

*

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Commentaires
G
Je serais curieux de savoir qui s'amuse à me piquer mon pseudo pour mettre des commentaires ici...<br /> <br /> Bizarre...
M
Sache mon jeune ami que si l'exitation est saine, elle peut être source de désordres. Je te recommande donc de saines activités de plein air dés que tu sens en toi "une force qui vibre". <br /> -Qui vive?<br /> -Ame pure!
M
Sache mon jeune ami que si l'exitation est saine, elle peut être source de désordres. Je te recommande donc de saines activités de plein air dés que tu sens en toi "une force qui vibre". <br /> -Qui vive?<br /> -Ame pure!
J
Sapristi, cette intrépide jeunesse ne manque pas de toupet. Une folle excitation m'étreint à l'idée de connaître la suite !
C
J'aime les histoires qui prennent ainsi tout leur sel au bord des falaises venteuses sous une mer houleuse.
cercle 4
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