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cercle 4
23 avril 2009

Chapitre 4

Chapitre Quatre

chap4

La ruse de Thérèse.


L’homme avait le visage torve de celui qui ne gagne pas son pain par d’honnêtes procédés.  Il faisait semblant de réparer un filet, assis sur la cabine de son petit bateau de pèche.

-Mon Dieu, cette couperose, cet œil qui ne sait pas regarder franchement, ce bonhomme a tout d’un métèque, maugréa Thérèse, qui avait appris à reconnaitre un bon d’un mauvais français au premier coup d’œil.

Jacques se tenait cambré sur le bord du quai, adossé à une superbe bite d’amarrage, les pieds posés de manière décontracté contre un le gros nœud d’un cordage. Il regardait le vol d’une mouette. Thierry, lui, regardait Jacques qui regardait le ciel étincelant. Il tentait de se débarrasser d’une fiente de goéland qui empêchait ses lunettes de jouer pleinement leur rôle. 

-Ah ça, cet oiseau m’a tout crotté, maugréa t-il également, car c’était la journée où chacun maugréait à son aise.

-Silence, stupide animal, maugréa Dominique, car notre bonhomme a l’air coriace. Il va falloir rivaliser d’ingéniosité.

Jacques sortit tout à trac de son intense réflexion.

-J’ai une idée, s’exclama t-il. 

- Moi, aussi, je répondis Thierry, il faut que je lave mes lunettes !

-Thierry, maugréa Thérèse, combien de fois faudra t il te répéter de ne pas interrompre Jacques lorsqu’il a une idée. Ah ça, je comprends parfois que tes parents t’aient abandonné.

Thierry pleura comme par surprise.

chap4a

Nos trois amis eurent alors tout à loisir d’exposer puis d’affiner leur plan.

-Ah non ! Jamais de la vie, cria Dominique, le garçon manqué.

-Et bien soit, je me sacrifie, s’exclama Thérèse, si cela est pour la bonne cause.

- Oui, dis-toi que la France te regarde.

Thérèse fut un peu gênée par cette idée mais se reprit bientôt. Transfigurée par sa mission, elle fila son bas à l’aide d’une arête de poisson trouvée là. Puis elle marcha comme une de ces filles de nuit qui arpentent le pavé parisien et s’arrêta net devant le bateau de pêche.

-Oh mon Dieu, s’exclama t- elle, quel superbe navire. On jurerait qu’il affrète mille pierres précieuses tellement il brille.

-Ah ça non, jolie mamzelle, meugla le misérable, avec son accent de partout sauf de chez nous.

-J’aimerais tant le visiter, je me régale à l’avance de toucher vos superbes poissons frais.

-Huhuhu ! fit l’homme dans un petit hoquet vicieux.

Thérèse allongea sa jambe et la posa sur l’avant du navire. Une vaguelette, ou pourquoi pas une ruse, la déstabilisa tout à fait et elle se retrouva illico dans les bras d’araignée du marin d’eau douce.

-Il sent la cocotte, maugréa Thérèse dans sa barbe, cet homme là est marin comme je suis contorsionniste à Médrano.

-Holà, jeune fille, vous mi semblez bien verte pour vous livrer à de telles simagrées, dit le misérable dans un geste simiesque.

Jacques qui s’était avec malice, introduit à l’intérieur du navire, attendit quelques secondes. Le temps pour le coquin d’arracher à Thérèse son petit chemisier en tergal offert par sa marraine pour sa communion solennelle.

Celle-ci tenta tout de suite de cacher sa dignité avec ses mains fines et délicates.

-Ah ah, ma jeune amie, poursuivit le malandrin, quand on veut se faire croquer on finit par attirer le loup !

-Bas les pattes, gibier de potence, s’exclama Jacques en lui assénant un rude coup de bouteille sur le haut du crâne.

-Tu aurais pu te dépêcher, maugréa Thérèse.

-C’est que, je voulais voir jusqu’où ce misérable pouvait aller, poursuivit Jacques d’un air malicieux. Dominique, Thierry ! C’est bon, vous pouvez venir, il n’y a plus de danger.

Dominique, avec son pas habituel de garçon manqué, détourna pudiquement le regard, tandis que Thierry glissa sur un poisson. 

-Et bien, Dominique, dit Jacques, c’est le moment de te souvenir du nœud marouflé, car voilà ce que nous allons faire : saucissonner notre bonhomme et le forcer à nous amener sur l’île.

Thérèse serra ses petits bras menus contre son torse avec un air bravache :

-Et bien, sans doute, me prenez- vous pour quelque statue antique, mais je ne compte pas rester ainsi exposée aux vents et aux regards toute la Sainte journée.

Thierry paralysé, un poisson dans la bouche, Dominique, garçon manqué, les yeux fixés sur ses chaussures, ce fut Jacques, qui le premier réagit :

-Tiens, ma brave Thérèse, dit il en ôtant sa chemise bleu ciel, couleur de ses yeux, ainsi tu n’auras plus froid et ne craindra plus les regards de ce misérable.

Disant ceci, il asséna à l’homme à terre un formidable Atémi Kufutamé dans le ventre bientôt  imité en cela par Dominique, qui à mesure que Thérèse se rhabillait, massacrait le malheureux. Thierry riait de toutes ses forces, riait, riait de tellement bon cœur que Jacques fut obligé de le corriger pour le calmer.

-Et bien, mon brave Thierry, penses tu qu’il soit vraiment charitable de se moquer d’un homme qui se fait corriger quand plus est, il est à terre ?

Thierry se calma tout à fait. Jacques courut à l’avant, (« la poupe ») regarder l’horizon riche de promesses et de doutes. Qu’il était beau, ce petit homme, petit par la taille, mais déjà viril par ses attitudes, bombant son court torse vierge de toute toison mais halé par une vie saine au grand air, le regard droit et fier de celui qui ne craint pas le jugement des hommes et le sourire conquérant de celui qui se brosse les dents deux fois par jours. Tout à l’opposé de ce chenapan de Thierry, à l’hygiène bucco dentaire plus que douteuse.

L’homme à terre émit un râle. Dominique allait lui asséner un formidable Nuton Fit rami mais Jacques l’en dissuada :

-N’oublie, ma chère Dominique qu’il faut qu’il vive !

chap4b

Puis il lui fit un clin d’œil appuyé :

-Au moins jusqu’à ce qu’il nous ait indiqué où se trouve l’ile maudite.

Mais Dominique semblait depuis quelques minutes, prise d’une indicible rage. Elle frappait, frappait, et ne s’arrêtait que pour de temps à autre, regarder Thérèse. Thérèse qui semblait s’amuser de ce soudain accès de haine et de violence. Celle-ci ne rechignait pas à l’occasion à user de méthodes musclées. Son père lui avait bien expliqué comment il châtiait les niaquoués en lointaine Indochine.

-Ces gens là ne comprennent que la force, répétait-il plus souvent qu’à son tour.

Jacques qui avait l’étoffe d’un chef fit cesser le massacre.

-Et bien, Dominique, heureusement que ce navire n’est pas chargé d’une gégène, tu n’aurais pas ton pareil pour faire parler les plus récalcitrants.

Il fallut bientôt emmener le pauvre hère, baignant dans son sang, dans la cabine, ficelé comme un rôti du dimanche.

Jacques lui demanda d’un ton menaçant :

-Et bien misérable, vas-tu bien nous indiquer où se trouve l’ile de Mortepeine ?

-Ji ni dirais rien. Répondit l’homme à la peau basanée.

-Ah ça, veux tu donc que je fasse revenir la furie aux cheveux noirs ?

-Ah non, pitié, missié, pas la pitite furie ! Mais je ne peux rien dire… Mi maitres me tiraient aussitôt. Mais dis moi, jeune maitre, comment as-tu deviné qui j’appartinais à la bande di bandits.

-Car pour un marin, tu as de bien curieuses façons de te chausser.

Et il montra du doigt ses chaussures noires et blanches, elles aussi.

-Ah la pitain de sa race, ti ça est la faute de Mario Figatinni ! se lamenta le misérable.

-C’est donc le nom de ton chef, demanda Jacques.

-Non, ci li nom di celui qui a voli tout un stock de li chaussures… la pitain de sa race !

Jacques lui asséna une formidable gifle.

-Sache, mon petit ami, qu’on ne jure pas devant Jacques Le Cœur.

Il le gifla à nouveau :

-Et qu’on n’insulte pas ce qui est de plus noble sur terre : la race.

L’homme baissa les yeux sur ses chaussures. Il avait compris la leçon. Il allait être raisonnable, maintenant.

-Bien, pitit maitre, ji vais ti dire où si trouve l’ile maudite.

Il fit signe à Jacques de se pencher pour lui dire quelque secret à l’oreille :

-L’ile maudite se trouve….

Jacques était suspendu à ses lèvres.

-L’ile se trouve… dans ton cul, sale pitit blanc di merde, que le cul te pèle et que ta race di merde si chie sur les doigts, sale pitit fils di…

Mais il ne put en dire davantage, car déjà, Dominique avait fait son apparition devant la porte de la cabine, la rage aux lèvres, un rictus de mort sur le visage.

Jacques la regarda :

-Il est à toi, Dominique. Je te le laisse. Fais en ce que bon te semble.

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Commentaires
M
Comment dit on Lol en allemand?
D
Che vis debuis une zinquantaine t'années en Uruguay bour des raisons bersonnelles, aber la fraicheur de zes cheunes bersonnes me rappelle ma cheunezze en Europe.<br /> Che me délecte à l'avanze de la zuite..
cercle 4
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